Corinne Touzet : victime d'agression sexuelle, elle prend elle aussi la parole

Corinne Touzet : victime d'agression sexuelle, elle prend elle aussi la parole

Depuis l’affaire Gérard Depardieu et la prise de parole de Judith Godrèche, une vague #metoo déferle sur le cinéma français. Il ne se passe désormais pas un seul jour sans que l’on ne révèle des comportements très déplacés ou des souvenirs de tournage atroces. On pense notamment à Alice Taglioni qui racontait son premier tournage dans la série Hélène et les garçons. Une ambiance bien loin de l’humeur de la série et que l’actrice qualifie de « malsaine ».

Édouard Baer dans la tourmente

Dernièrement, c'est le comédien Édouard Baer qui a été accusé par 6 femmes de harcèlement sexuel. Des accusations qui ont très vite fait réagir l’acteur, s’excusant de son comportement. Il écrivait : « Je n’ai pas eu l’intelligence de le percevoir. J’en suis profondément désolé. Je n’ai jamais cherché à les heurter intentionnellement. Je leur présente toutes mes excuses ». Sandrine Kiberlain d’ailleurs, bien qu’elle valide à 100 pour cent la prise de parole des femmes, confie : « J’aime trop Édouard pour le réduire à ce dont on l’accuse ». Quoi qu'il en soit, ces révélations de toutes parts montrent bien qu’il y a un souci dans le métier.

Les investigations stoppées par la dissolution de l’assemblée

Un directeur de casting, Stéphane Gaillard, a quant à lui lancé un #metoogarcon. Et malheureusement, ce lancement a eu pour effet que les façons d’agir dans le cinéma et le théâtre français touchent les femmes et les hommes. Souvent très jeunes, les victimes osent à peine parler, de peur de ruiner leur carrière. Alors que des avancées étaient lancées, le directeur de casting avait pu témoigner début juin auprès de la commission sur les violences sexuelles dans le cinéma. Tout a été stoppé suite au vote européen et à la prise de décision d’Emmanuel Macron de dissoudre l’assemblée. Comme le raconte Francesca Pasquier dans Télérama : « Comme Judith Godrèche, Stéphane Gaillard est devenu le « destinataire » d’abus que les victimes ont peur de révéler. La commission a notamment permis de montrer à quel point les victimes ont peur de parler, parce que le système, les enjeux sont plus gros qu’elles. »

« Je fais partie de la génération la plus exposée à ces problèmes », révèle Corinne Touzet

En apprenant que les investigations en cours allaient être arrêtées, Judith Godrèche s’est exprimée sur son Instagram. Elle écrit : « Oui, de nouveau, le silence comme fond sonore. Je pleure, tu pleures, elles/ils pleurent, mais certains se réjouissent. ». Dans le magazine Nous Deux, sorti ce lundi 17 juin, Corinne Touzet fait, elle aussi, de tristes révélations. Elle explique : « Je fais partie de la génération la plus exposée à ces problèmes. »

« On m’a coincée », révèle Corinne Touzet

Corinne Touzet a vu sa carrière décoller grâce à son rôle de lieutenant dans une femme d’honneur de 1996 à 2007. Une carrière télévisuelle sur laquelle elle n’aurait pas mis un kopeck. Comme elle le raconte à Télé Star : « J’étais introvertie, rondelette, mal dans ma peau ». Elle révélait alors, dans cette même interview, l’ambiance toxique qui régnait pour les femmes dans le milieu du cinéma. Elle confie : « Tout ce qu’on peut imaginer qui puisse arriver est arrivé. On m’a coincée, j’ai refusé des propositions de travail quand on me demandait des faveurs en échange… C’était une époque qui, j’espère, est révolue. »

 « Nous étions soumises à des diktats machistes », confie Corinne Touzet

Corinne Touzet donne alors plus de détails sur le parcours du combattant pour échapper au prédateur, lorsqu’on était une jeune actrice dans les années 80. Elle raconte : « Dans les années 1980, nous étions soumises à des diktats machistes. Quand je suis arrivée à Paris, à 21 ans, nous étions des proies, souvent terrorisées, assiégées. Oui, j’ai subi des agressions, j’ai été harcelée, on m’a coincée dans des couloirs. ». Heureusement, ces agissements semblent enfin être punis, quoiqu’il faille encore et encore se battre. Mais la jeune génération sent qu’elle a le droit de dire non. De là à avoir gagné la bataille, on en est loin. Corinne Touzet termine alors par un message à l’attention de Judith Godrèche : « Je suis extrêmement admirative que des comédiennes parlent aujourd’hui. J’ai trouvé que Judith Godrèche avait un courage extrême », dit-elle.